BASQUIAT à PARIS, jusqu'au 30 janvier 2011
BASQUIAT à PARIS, jusqu'au 30 janvier 2011
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cache-pot en forme de chou- photo Jacques V. Lemaire- 7 févr 10 -
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BASQUIAT à Paris, jusqu’au 30 janvier 2011 - Musée d'art moderne de la Ville de Paris.
Sur BASQUIAT on a tout dit, surtout en dithyrambe, et je préfère me limiter ici à quelques-unes des lignes proposées sobrement par le Musée d’Art Moderne de la Ville de paris qui accueille en ses murs une impressionnante rétrospective de quelque 100 tableaux :
…Après sa mort prématurée en 1988, il laisse une œuvre considérable habitée par la mort, le racisme et sa propre destinée. Sa vie brûlante et explosive, mêlant le star-système et la révolte, a inspiré en 1996 le film…
Vie brûlante et explosive…mêlant le star-système et la révolte…
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voici du vrai BASQUIAT...
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Ces mots sont justes, et je n’en ajouterai pas.
Seulement ici quelques impressions que m’ont laissées mes tours et détours dans les méandres de cette exposition-fleuve.
Le public :
c’est très clair, tout le monde vient ici pour thuriférer. Les guides psalmodient des chapelets , hommes et femmes cherchent ici pour la plupart le spectacle de l’offense, du non-correct, de l’audace. On vient voir le phénomène, on vient voir ceux qui viennent voir le phénomène. La Star est en représentation, la couleur dégouline, cela sent les odeurs interdites, les mondes interlopes, on s’encanaillerait pour peu…Et le spectacle, pour moi, est affligeant. Il faut faire un effort pour s’extraire de ce remugle et arriver à accéder aux toiles.
Car ce sont bien de toiles qu’il s’agit : voilà un garçon, pétant de tous les culots, qui restent cependant dans la ligne sage de la peinture en deux dimensions, sur toile comme à la Renaissance, sur portes ou frigo ou armoires désossées comme cela faisait déjà 50 ans plus tôt avec les dadas ou, plus tard, avec support-surface.
Rien de révolutionnaire à cet égard. Rien du tout, on reste dans le traditionnel.
La matière et les couleurs :
BASQUIAT peint avec de la couleur, de la vraie.
Il n’invente rien à cet égard.
Personne, c’est vrai, n’est tenu à jouer son petit GASIOROVSKY et refaire - comme il l’a fait 30 ans plus tôt - du jus pour dessiner en infusant des crottes de chèvres ou de chameaux.
La forme :
BASQUIAT laisse une œuvre éminemment personnelle, dans laquelle la figure/visage occupe une place prépondérante. Le plus souvent son tableau est une peinture obtenue par effacement de tout ce qui constituait le fond pour ne garder que les contours du personnage final vu de face, forme enfantine si elle n’ était d’une sauvagerie sans cruauté cependant, d’une violence pourtant exempte de sang ni sperme ( surprenant en effet : sur les 100 tableaux présentés, deux seulement donnent à voir les attributs sexuels du personnage – un homme, puis une femme – comme si BASQUIAT, tout à ses paradis artificiels, en avait oublié d’où il venait et avait en tous cas décidé de ne pas y aller ).
Ni sentiment, ni émotion, ni état d’âme pourrait-on dire en se trompant sans doute : BASQUIAT peint à l’arraché, il bascule la peinture par flots et giclures, mais, selon moi, il ne va pas très loin : pas assez en tous cas.
Je pense à DE KOONING qui, 40 ans plus tôt ( 40 : deux générations ! ) est allé beaucoup plus loin dans l’explosivité et a livré une œuvre infiniment plus complexe, plus riche, plus profonde.
Grand-messe :
Ce n’est pas demain que cessera la grand-messe qui charrie en effet tant d’intérêts financiers à travers le monde et alimente un marché soutenu.
Ce n’est pas demain que prenant une distance salutaire par rapport au concert convenu d’éloges et au discours arrêté de la critique et donc du grand public, que l’œuvre donc de BASQUIAT apparaîtra pour ce qu’elle est : un long cri déchiré de près de 8 ans, d’autant plus rauque et désespéré qu’il cultivait la mort que BASQUIAT portait en lui comme une sœur noire – mais, ai-je envie de dire en sachant que je commets une forme de sacrilège contre le bon-goût ambiant, mais seulement cela , sans plus.
Tout compte fait la peinture de BASQUIAT , qui en contient tout les ingrédients traditionnels : matière, support – est une peinture relativement traditionnelle.
Tout compte fait, ayant travaillé et produit son œuvre dans les années 80, sa peinture a quelque chose de conventionnel par rapport à toutes les recherches, toutes les trouvailles, tous les progrès oserais-je dire, que les artistes plasticiens de la même époque sont arrivés à obtenir - ou y ont échoué.
Et je ne peux non plus dissocier le travail de BASQUIAT de l’état permanent dans lequel il l’a créé : quel est celui qui a peint ce que l’on voit ? Qui tenait le pinceau, la brosse ? Qui éructait, hurlait et souffrait ? Quel BASQUIAT ? Existe-t-il un BASQUIAT sans drogue, autrement dit, existe-t-il un BASQUIAT à l’état naturel, et si oui , qu’aurait-il fait ? Rien ? Débardeur ? Etudiant timide ? Et quelle peinture nous aurait-il aujourd ’hui donné à voir ? Aurait-il seulement peint ? N’aurait-il pas été facteur ? altermondialiste militant ? maire de New-York ? BASQUIAT Jean-Michel, tout simplement , rien d’autre sur une carte de visite qu’il n’aurait jamais eue ?
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deux potimarons - 7 févr 10 - photo Jacques V. Lemaire
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