De Nicolas POUSSIN à François BOUCHER

De Nicolas POUSSIN à François BOUCHER

57 X 73 - Diane sortant du bain - 1742

 

 

Je suis récemment retourné au Louvre avec l’intention de voir  POUSSIN.

Mais j’ai peu accroché,  je m’y étais sans doute mal préparé, et je me suis surtout laissé attirer par ses voisins LA HYRE, LE SUEUR, BOURDON et surtout COYPEL.

Puis, musardant  plus loin, de salle en salle,  surgit   DE LA TOUR, et son extraordinaire LE TRICHEUR. J’en ai écrit deux pages dans mon petit carnet, mais je les y  laisse pour l’instant car mon propos ici est de  parler de BOUCHER, dont j’avais vu des dizaines de fois la DIANE SORTANT DU BAIN mais que je n’avais jamais  vraiment regardé.

 

 

 

Une  note étrange du tableau vient de l’un des deux chiens à gauche du tableau.

Déjà que les deux chiens avaient dû attendre que leur maîtresse sortît du bain pour pouvoir, eux, y rentrer, mais l’un des deux est resté hors de la mare que l’on voit à peine tandis que l’autre y boit. C’est qu’en effet ce chien est à l’arrêt, ayant senti quelque chose dans le talus auquel Diane et sa compagne tournent le dos. Quelque chose ou quelqu’un.

Est-il pensable que BOUCHER ait imaginé quelque voyeur venu troubler cette scène qu’il veut avant tout paisible ?

Justement.


Cette scène intime ( une seule nymphe accompagne ici Diane,  qui se perd docilement  dans la contemplation du pied divin qu’elle lui offre alors qu’Ovide décrivait trois nymphes :  l’une chargée de recevoir la robe de Diane, l’autre ses armes et la troisième ses chaussures ) , cette scène intime en effet est celle d’un repos presque galant entre  ce que l’on ne voit pas, savoir  d’une part  la  partie de chasse terminée  et d’autre part  la scène qui suivra lorsque plus tard  le voyeur aura été débusqué.

Mais ce chien à l’arrêt n’alerte pas Diane laquelle reste préoccupée par la pose appliquée qu’elle offre à  BOUCHER  et au spectateur que nous sommes .

La scène est avant tout silencieuse : Le carquois auquel semble-t-il il ne manque aucune flèche est à gauche, l’arc est à droite derrière le gibier  mort dont la composition artistement proposée donne à voir une idée d’abondance enchevêtrée  alors qu’il y a tout juste deux perdrix et un lièvre : pour une déesse de la chasse, ce tableau ( tableau ? )  paraît bien léger  mais on comprend bien que le trophée est dans la manière et que Diane qui n’aime pas trop sa sœur  aime la mesure.

De chasseresse, elle n’a peut-être que ses traits  ou touches de couleur carmin qui lui entourent  le cou ( les rubans ) et quelques autres parties du corps comme certains plis ou les aisselles où l’on voit bien qu’il y a du carmin qui coule sous la peau.

 

C'est DIDEROT qui disait :  "  BOUCHER a tout sauf la vérité ".

 

 

 

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