KANDINSKY au Centre Pompidou jusqu'au 10 août 2009
KANDINSKY au Centre Pompidou jusqu'au 10 août 2009
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KANDINSKY au Centre Pompidou jusqu’au 10 août 2009
Une centaine de toiles grand format de 1909 ( il est né en 1866 à Moscou ) à 1942 ( il est mort en 44 ), plus quelques dizaines de dessins et aquarelles.
Un très bel accrochage, peut-être un peu trop dense pour ce qui est la série de tableaux choisis pour la période 1911, 1912 et 13 - l’une des plus fécondes du peintre.
L’histoire de l’art range Kandinsky, avec Kupka, Malevitch ( et : quel est le 4ème : Mondrian ? Delaunay ? ) comme père de l’abstraction.
Il s’en est toujours défendu.
Il faut s’entendre, évidemment, sur ce terme d’ abstrait qui depuis sa création ne cesse d’alimenter polémique et confusion.
Moi-même, souvent, j’ai du mal à qualifier ma peinture d’abstraite : rien en effet – et c’est une évidence – n’existe qui ne soit ancré dans le réel. Même le non figuratif, l’informel, dans ce qu’il est mais sans doute pas dans ce qu’il représente ou donne à voir , est nécessairement ancré dans le réel puisqu’il en fait partie. L’ambiguité vient du fait que ce que cette peinture montre échappe au réel défini ou définissable.
Bref.
Kandinsky a beaucoup écrit lui-même sur son travail, sur sa peinture ; il n’a cessé de chercher à expliciter des théories.
Quelques clefs essentiels ( encore que le plus important serait d’aller au Centre Pompidou pour regarder, regarder, encore regarder cette peinture qui montre tellement d’elle-même ).
Quelques clefs quand même.
1/ Très tôt ( 1895 – il a 29 ans ) , en voyant dans une exposition une Meule de foin de Monet, Kandinsky note que l’objet faisait défaut au tableau.
Plus tard, il se rend compte que l’objet nuit au tableau et en 1911, il peint une toile intitulée Le Tableau avec cercle . Au dos du tableau, il est indiqué de la main de Kandinsky ou d’un assistant ( j’ai trouvé les deux versions dans mes recherches ) , mais quoi qu’il en soit cette inscription est postérieure au tableau, première toile abstraite.
2/ Dans cette conception d’une peinture sans objet, Kandinsky établit très tôt le principe du contenu spirituel d’une œuvre ( son ouvrage de 1911 : Du Spirituel dans l’Art ) qu’il oppose alors au contenu matériel.
C’est la conception dualiste d’une oeuvre d’art ( comme l’est du reste l’être humain lui-même ) : contenu intérieur ( spirituel ) relevant de ce qu’il appellera la nécessité intérieure et forme extérieure ( contenu matériel ).
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Revenons à l’exposition.
Une centaine de toiles donc : au départ de 1908 avec quelques sujets dans lesquels la couleur explose ( Paysage à la tour, La Montagne bleue ) et le début des toiles rangées sous les appellations Impressions, puis Improvisations, et enfin Compositions.
Ces appellations que je croyais assez rigoureuses dans leur succession chronologique ( les impressions relevant du monde extérieur, les improvisations étant stimulées par le monde extérieur …) sont en réalité joyeusement mêlées dans le travail de Kandinsky : par exemple il commencera à utiliser le terme composition en 1910 ( Esquisse pour composition II ) alors que la même année et les années suivantes il peindra également des impressions et aussi des Improvisations…
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Impression III, Concert, 1911
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J’ai trouvé chez Kandinsky – ce que rend bien cette exposition au parcours si complet et si riche - les fondements de Cobra ( Impression III, Concert, 1911 ) , d’apparents emprunts à l’art pariétal ( Lyrique 1911 et surtout Improvisation 20 – deux chevaux 1911 ) à propos desquels je n’ai pas trouvé jusqu’ici d’explication ( ce ne peut être en effet la circonstance qu’en 1889 une Société d’anthropologie de Moscou l’envoit dans le Grand Nord pour y étudier le droit criminel chez les paysans Komis, qui a dû mettre Kandinsky au contact de lm’art pariétal…), mais aussi chez lui certains éléments de fondements de la peinture de Pollock, de Sam Francis ou même d’Alberola…
Jusqu’à cette exposition, je fuyais un peu le travail de Kandinsky postérieur aux années 1920, le trouvant si froid alors que m’apportait tant et assez son travail antérieur.
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composition IX, 1936
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J’ai découvert, à travers ce que propose le Centre Pompidou ( qui a pu choisir des œuvres dans les plus belles collections du monde que sont notamment le GuggenHeim de New-York , et le Stadtische Galerie im Lenbachhaus und Kunsthaus de Munich ) que toutes les œuvres postérieures aux années 1920 sont des chefs d’œuvre de grâce, de finesse, de créativité – et que ce je prenais à tort jusque là pour des oeuvres froides, révélaient une subtilité et une inventivité dépassant de loin le suprématisme ou le post-Klee où je pensais pouvoir les enfermer…
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Commentaires
Merci pour ton rappel. Je me suis quant à moi intéressé à son oeuvre sur papier