La dame de Brassempouy restera en chewing gum au moins jusqu'en novembre 2008
La dame de Brassempouy restera en chewing gum au moins jusqu'en novembre 2008
La Dame de Brassempouy, huile s/toile, 150x150cm, 14 février 2008 - JVL
La Dame de Brassempouy restera donc en chewing gum jusqu’en novembre 2008 au moins...
J’avais publié sur ce blog le 10 décembre la lettre que j’avais envoyée au Conservateur du Musée National d’Archéologie de Saint-Germain en Laye en novembre 2007, sous le titre « la Dame de Brassempouy est en chewing-gum « .
Celui-ci m’a aimablement - mais incomplètement - répondu dans les termes suivants :
Monsieur,
J'ai effectivement reçu un message de votre part, intitulé "La Dame de
Brassempouy est en chewig gum", mais je ne suis pas parvenu à l'ouvrir et,
compte tenu de son intitulé, je n'ai pas jugé utile d'entrer en relation
avec son auteur, pensant à une plaisanterie. Si ce message avait été
lisible, j'aurais évidemment aussitôt répondu.
A l'exception d'un certain nombre d'objets paléollithiques en ivoire ou en
os (quelques dizaines d'objets sur les 35 000 exposés), le musée
d'Archéologie nationale n'expose que des originaux.
La raison de la présentation de moulages (clairement indiqués comme tels
dans les cartels), dont je comprends qu'ils vous irritent, a une double raison.
La célèbre donation Piette (1904) a des clauses juridiques très strictes
puisque, sous peine d'annulation, les objets qu'elle comporte (environ 10
000 dont quelques dizaines de chefs d'oeuvre de l'art mobilier magdalénien)
ne peuvent quitter la petite salle aménagée par le donateur (mort en 1906).
Donc ces objets ne peuvent être ni prêtés, ni exposés dans la galerie
Paléolithique. D'où le recours à des moulages.
D'autre part, les vitrines de cette galerie ne répondent pas aux normes
actuelles de conservation climatique, du moins pour les objets en matière
organique. Donc depuis environ un demi-siècle, des moulages ont été
substitués aux objets concernés.
Une rénovation totale du musée étant envisagée, il est évident que des
vitrines climatisées permettront alors de présenter les objets d'art
moibilier en os et en ivoire qui ne font pas partie de la collection Piette.
En ce qui concerne la "salle Piette", nous avons décidé, afin que le public
puisse enfin avoir accès aux objets originaux, de la rénover à l'identique
de ce qu'elle était à la mort d'Edouard Piette, son aménagement ayant peu
bougé depuis cette époque, toujours en raison des clauses draconiennes de
la donation.
Nous avons terminé en décembre le chantier de gros : étanchéité des
fenêtres à vitraux, climatisation, réfection des peintures et des meubles
et vitrines d'époque, éclairage, etc...
Nous sommes actuellement en train de remettre en place les milliers
d'objets. Une vitrine rassemblera les pièces maîtresses de la collection,
dont la Dame de Brassempouy.
L'inauguration de cette salle, très rarement ouverte au public depuis 1904,
devrait intervenir en novembre prochain, et je ne manquerai pas de vous y
inviter, en avant-première.
Seul problème, lié à sa situation dans le château (dans un cul de sac) et à
sa configuration, la Commission de sécurité a limité à 19 personnes à la
fois, accompagnées d'un conférencier, l'accès à cette salle.
Nous envisageons des visites à heure fixe ou sur rendez-vous.
J'espère avoir répondu à vos interrogations et vous prie de croire,
Monsieur, à l'expression de ma meilleure considération..
PS. Vous parlez à tort, selon moi, de "mauvais moulages". En effet, nous
conservons au musée les creux originaux des moulages effectués au début du
XXe siècle. Les moulages exposés sont directement tirés de ces moules
historiques (de telles opérations de moulage au plâtre seraient évidemment
exclues aujourd'hui). Il ont été réalisés par notre propre atelier de
moulage, qui remonte à l'origine du musée et n'a pas de vocation
commerciale (il ne fait pas de tirages en série, mais uniquement des pièces
de comparaison pour des musées ou des universités) et ont été patinés et
teintés par notre chef d'atelier à partir de l'objet original.
+++
Voici la réponse que je lui ai faite :
Monsieur,
Je vous remercie pour votre courrier.
Je n'ai jamais pensé un seul instant qu'il n'existât pas de bonnes raisons
de présenter des moulages à la place des pièces originales ; je le dis d'ailleurs
dans le courrier que je vous ai adressé ( où j'évoque spontanément les
motifs de sécurité et de conservation ).
Ce n'est pas là qu'est le problème que je dénonce , et la difficulté que
rencontre le visiteur.
C'est que d'une part le visiteur ne soit pas prévenu que ce qu'il va voir au
Musée ne sera qu'un moulage.
Et que ce moulage ne sera pas de bonne qualité.
Je le dis sans aucun esprit de polémique mais parce que c'est ce que j'ai
ressenti devant la Dame de Brassempouy : je ne savais pas qu'il s'agissait d'un
moulage et après quelques secondes, j'ai remarqué certaines imperfections,
certains traits arrondis ou mal exprimés, et ainsi sans le moindre a priori
possible, j'ai constaté que l'image que j'avais devant moi ne correspondait
pas à la reproduction qui est partout et qui est donc bien présente dans l'esprit
du visiteur. C'est alors qu'en lisant le cartel, j'ai eu confirmation qu'il
ne s'agissait pas de la pièce originale.
Car, dans le site du Musée, comme toutes les reproductions qui circulent
partout et que l'on a tous en tête, ce n'est évidemment pas le moulage qui
est reproduit, mais l'original. Et c'est là que gît le problème : le
visiteur amateur comme je l'étais connaît la Dame pour l'avoir admirée tant
de fois dans tant de reproductions que lorsqu'il va au Musée, c'est elle qu'il
va voir : dites-moi sincèrement, que vaut-il mieux pour l'amateur : admirer
une belle photo de l'original qui est disponible partout sur internet et
surtout dans le site du Musée, ou se déplacer à Saint-Germain pour y voir
une ( mauvaise ) copie ?
D'où ma suggestion si vraiment les raisons que vous avez de ne pas montrer
les originaux sont absolument insurmontables : avertir le visiteur, par
exemple en prenant soin d' indiquer dans le site du Musée que certains
originaux ne sont pas visibles.
Et - mais je ne veux pas croire que le vrai problème serait là - assumer
alors le risque de voir diminuer le nombre de visiteurs.
Par ailleurs et enfin, je note avec satisfaction que toutes les pièces
originales, actuellement invisibles, seront prochainement accessibles : les
unes dans la Salle PIETTE dont la restauration est en voie d'achèvement ;
les autres, dans des vitrines adéquates.
Le problème évoqué sera alors réglé.
Mais en attendant, au nom de tous les
visiteurs passionnés dont je suis, n'y aurait-il pas à donner cette
information qui m'a cruellement manqué ?
Je vous adresse de l'ardenne belge mes sincère salutations.
+++