l'art paléolithique et le décor

l'art paléolithique et le décor

120×120 - détail - huile s/toile - 27 nov 07Il existe en Espagne, mais je dispose de très peu d'éléments à ce sujet, une grotte récemment découverte qui offre la particularité de présenter une ligne plus ou moins horizontale qui, du fait de sa position sous les animaux peints à l'époque paléolithique, représenterait le sol.

Cette grotte est située au Nord de l'Andalousie,   en bordure Est du Parc Naturel de la Sierra de Segura, dans la vallée  du rio Taibilla, pas loin de la ville de Nerpio.

Si cette interprétation de ce trait se trouvait confirmée, il s'agirait je pense d'une manifestation tout à fait intéressante de l'art paléolithique .

On considère en effet celui-ci comme confiné à la représentation de motifs, de signes  d'animaux,  de personnages humains  ( relativement peu nombreux )  qui ne sont  organisés  ni entre eux  ni dans l'espace.

Il convient tout d'abord, me semble-t-il, être très prudent lorsque l'on exprime de telles considérations ( de la même manière que l'on doit être en général de la plus extrême prudence lorsque l'on interprète quelque manifestation que ce soit de l'art préhistorique au motif que, comme chacun sait, il n'existe aucun écrit ou explication de l'époque ).

 Rien ne dit en effet hors de tout doute  - si ce n'est le regard que nous portons aujourd'hui sur les ensembles de peintures et gravures avec nos règles et critères d'approche et de compréhension -  que ces motifs n'étaient pas organisés. Ce n'est pas parce qu'ils nous semblent à nous comme juxtaposés les uns aux autres, qu'ils sont indépendants et sans relations les uns avec les autres. L'hypothèse du contraire en effet me semble tout aussi plausible.

Je pense que certaines grottes, comme cellle des Combarelles en Dordogne par exemple,  ont fait l'objet d'études spécifiques à partir desquelles certaines théories sont nées à propos de l'organisation des gravures qui s'y trouvent ( mais si je me souviens bien, dans ce cas précis des Combarelles, cette étude qui avait été faite sur base des gravures relevées à l'époque - 600 sauf erreur - n'aurait plus de valeur ou de pertinence aujourd'hui car des relevés plus récents et plus approfondis ont révélé que Combarelle contient bien plus que les 600 gravures considérées alors,   avec d'autres dispositions, d'autres associations, d'autres surfaces occupées par les gravures alors qu'à l'époque on considérait que ces endroits en étaient exempts... si bien que la théorie émise sur base d'un relevé comportant 600 gravures perdrait sa substance... et ce qui montre au passage, la fragilité des opinions et théories que l'on peut émettre à propos du paléolithique).

D'autre part, certaines grottes ( la plupart ) présentent des signes que l'on qualifie aujourd'hui d'abstraits , ce qui est une façon commode de les qualifier puisque l'on n'en possède pas la signification et qu'ils ne se rattachent pas à la représentation, pour nous aujourd'hui, d'une chose connue puisée dans la réalité observable ou identifiable.

Les signes tectiformes de Dordogne sont bien connus, les aviformes également, mais ce sont là, bien entendu, des qualifications données aujhourd'hui qui n'ont d'autre but que les différencier des autres signes et permettre de les nommer quand on en parle...Personne n'oserait d'ailleurs affirmer que ces signes représenteraient effectivement  des oiseaux ou des toits.

D'autres signes ,  d'apparence plus confuse au point que l'ont ne peut les appeler d'un nom qui aurait une consonnance familière, sont présents dans de nombreuses grottes, notamment El Castillo en Cantabria ou, surtout, la Pileta en Andalucia, qui " font penser " à un véritable langage tant ces signes sont nombreux, répartis sur de grandes distances, imaginatifs, divers,  " typés "...et semblent tant par leur nombre, leur répétition, voire une certaine  déclinaison  pour certains d'entre eux, semblent donc  " organisés "...

Sans doute est-il plus simple - mais peu sérieux - d'affirmer comme je l'ai entendu d'une jeune guide dans la Cueva de las Monedas à Puente Viesgo, de dire devant un panneau de signes entremêlés à profusion, qu'il s'agissait là, sans doute, d'un morceau de roche où les artistes affutaient leurs crayons...

Il me paraît donc peu prudent d'affirmer péremptoirement que le paléolithique s'est borné à créer des figures séparées " ...sans savoir les grouper ( le plafond d'Altamira le prouve ) autrement que dans le hasard d'un pête-mêle incohérent (...) l'art paléolithique ne comporte pas de paysage pas même de décor..." - René HUYGHE, l'Art et l'Ame, éd. Flammarion 1960, p. 59.

La ligne horizontale figurant le sol  de la grotte des bords du Taibilla ( que je n'ai pas trouvée, étant sur place, et qui je pense n'est pas ouverte au public ), et  d'autres éléments qui restent  à découvrir démontrent ou  démontreront  peut-être le contraire...

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Commentaires

Bien sûr que l'art pariatal préhistorique est organisé! la question est débattue depuis fort longtemps et la recherche ence domaine existe. Même l'abbbé Breuil, avant 1939 parlait d'un univers binaire. Lisez aussi la magnifique préface dde l'édition Skira sur Lascaux, signée Michaux (1960)..
Ne restez pas sur ce préjugé.
L'organisation existe bel et bien puisque les animaux sont conçus les uns par rapport aux autres. Voyez les taureaux affrontés de la grande salle de Lascaux ou les vachettes: les animaux sont soigneusement différenciés.Et l'absence de paysage et de représentation figurées de l'homme sont probablement l'indice d' une volonté peut être d'un tabou.