Michaël BORREMANS, à BOZAR, jusqu'au 3 août 2014
Michaël BORREMANS, à BOZAR, jusqu'au 3 août 2014
Le Soir, 3 aout 13
« …les peintures de Michaël Borremans sont achetées par les plus grands. Les francophones n’en savent rien. Et pourtant ce génie flamand se veut résolument belge. Ses œuvres sont bouleversantes
L’Avenir, 21 février 14 :
« Son intérêt pour la puissance de l’imaginaire rend particulièrement attrayant son langage pictural subversif. « .
Le soir, 5 mars 14 :
« L'oeuvre de Borremans bouleverse et dégage un sentiment de d'étrangeté, de par ses compositions insolites, ses scènes étonnantes et ses portées psychologiques suggestives. Son travail cadre bien avec le riche passé surréaliste de ses compatriotes René Magritte et Paul Delvaux. «
Le Soir, 5mars 14
Quatre étoiles **** ( avis de la rédaction – sic ) outre ce commentaire de jean-Marie WYNANTS
« Un choc ! L’exposition de Michaël Borremans au Palais des Beaux-Arts est sans conteste l’une des plus fortes que nous ayons vues ces dernières années. Pour ceux qui ne connaissent pas l’artiste gantois, la découverte sera impressionnante. Quant à ceux qui suivent son travail depuis longtemps, ils seront comblés avec ce formidable parcours rassemblant des œuvres dont beaucoup font aujourd’hui partie de collections privées ou publiques ou n’ont jamais été vues en Belgique.(…)
Chez lui, un dessin est une œuvre en soi. Et tous ceux rassemblés ici sont époustouflants.(…)
Rien n’est livré de manière directe mais chacune de ses œuvres submerge le regardeur et l’attire à elle.
Même lorsqu’il peint une simple branche appuyée contre un mur, le jeu d’ombres et de couleurs rend la chose fascinante. C’est bien sûr plus évident encore avec les innombrables figures qu’il fait flotter dans une sorte de vide un peu flou et que le parcours fait magistralement dialoguer par de subtils assemblages. Pour un peu, on se dirait que cet homme possède, au-delà du talent, un mystérieux pouvoir magique qui permet à chacune de ses œuvres de nous envoûter.
RADIO NOVA ( Paris ) , le Mag de radio-Nova, 26 février 14
« …Il est considéré comme un des grands plus peintres au monde, un technicien extraordinaire, virtuose, cultivant dans ses tableaux le mystère et l’inquiétante étrangeté. Michaël Borremans, artiste belge de 50 ans, est l’objet d’une grande rétrospective à Bruxelles (1995-2013), au Palais des Beaux-Arts (BOZAR) jusqu’au mois d’août. La manifestation, qui comprend des huiles mais aussi des dessins et des films, ira ensuite à Dallas. On a eu la chance de rencontrer « the master » au 104 juste avant son vernissage, dont on vous offre également quelques images… Discussion avec un génie qui peint tout nu et vient de découvrir la bonne bière.
A ne pas manquer cependant ( là, c’est moi qui parle ) :
http://www.novaplanet.com/novamag/27552/michael-borremans-la-lumiere-est-un-animal
dans l’entretien que RADIO NOVA a eu avec BORREMANS , quelques passages essentiels , qui forcent l’intérêt, que dis-je : qui crient :
« …Une bonne œuvre d’art n’est ni une réponse ni une question. Une bonne œuvre est un nœud.
(…)Question de R.N : De quoi votre regard sur le monde est-il à l’affût ?
Réponse de M.B : de tout. Absolument tout. Je suis comme un loup, comme un prédateur et toute ma vie est focalisée sur ce but : traquer du regard et trouver les motifs qui m’intéressent. Même mes rencontres avec de nouvelles personnes sont sous-tendus par cet objectif.
Le Commissaire de l’exposition
« Il peint la culture mais pas la réalité «
La Libre Belgique, 25 février 2014, Guy DUPLAT :
« …il est aujourd’hui un peintre majeur dans le monde. Il se situe dans la lignée des grands peintres de l’histoire de l’art, comme Velazquez, Chardin ou Manet, des artistes qu’il admire (..)
On admire une femme, poitrine nue, cheveux attachés au plafond par une corde. Mais, le visage serein, elle a les pieds au sol. Est-ce un suicide ? Un jeu ? Est-elle morte ou vivante ? François Pinault a d’emblée acheté l’œuvre.
Le cinéaste David Lynch situe Borremans "quelque part entre Rembrandt et Edward Hopper".
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On l’a compris, BORREMANS est admiré par les plus grands, mieux : acheté par les plus grands. Et l’un de citer François PINAULT ( entre nous, une vraie et solide référence, c’est incontestable ) qui a acheté l’un des tout grands tableaux exposés à l’instant dit-on où il l’a vu ; et de citer aussi David Lynch qui compare BORREMANS rien moins qu’à REMBRANDT et Edward Hopper… ».
Tout qui a lu l’un ou l’autre des ces articles, a vu les bannières exposées en ville, a entendu les annonces ( publicitaires ) faites par la RTBF n’a pu que comprendre une seule chose : non seulement il faut voir et avoir vu BORREMANS, mais encore faut-il participer à cette mise en liesse, à ce concert unanime d’éloges dithyrambiques…
Comment dans ce cas franchir les portes de l’expo et se présenter à la peinture avec virginité ?
Comment faire dés lors pour échapper au cortège qui s’est formé de partout car ils sont là devant vous ces centaines de visiteurs qui défilent par milliers ? Dites-moi comment faire ?
Je n’ai pas dû faire, ni faire semblant car je n’avais rien lu sur et de BORREMANS avant l’exposition. J’ignorais la présence de François PINAULT, Versailles, le Palazzo Grassi, David Lynch et Blue Velvet.
Je suis entré, il y avait foule dimanche passé et je la croyais destinée, en voyant à la billeterie cette queue rare au Bozar, à Francesco de Zurbaran ( dont je dirai par ailleurs ce que suis impatient de dire ).
Du monde du monde, et dans les salles dédiées à BORREMANS, du monde du monde.
Je regardais les tableaux, le 1er à gauche en entrant, le second en face du 1er : une splendeur que ce BORREMANS soi-même se cachant le nez.
Je continuais, et au fur et à mesure de mes pas, de mes rencontres face aux tableaux qui défilaient, peu ou pas d’envie de m’arrêter, sauf dans le 3ème salle : ce petit tableau à droite où NKM avait prêté sa nuque au chignon défait – encore une splendeur, la seconde et quasiment la dernière.
Puis ce fut tout.
Pas que je fusse ratrappé par des a-priori, ou par le désir de jouer les rabat-joie.
Cela ne marchait pas.
Cette peinture faite de bouts alignés les uns aux autres, une centaine si l’on compte dessins et films, de 2002 à 2013, ne fonctionnait pas, ne parlait guère, ne me tendait rien ou peu de choses : les gens déambulaient et je ne voyais rien sur leurs visages.
Je suis sérieux : je ne voyais rien sur leurs visages.
J’avais vraiment envie de leur demander : pourquoi êtres-vous venus ? Qu’êtes-vous venus voir ?
Et que voyez-vous ?
Lentement, sérieusement, tâchant de rester ouvert, je suis allé jusqu’au bout des salles , cherchant comme je le fais parfois dans une exposition inconnue soit à suivre la lumière inattendue d’un phare, à repérer des balises, à me laisser frapper sachant que je reviendrais, repasserais bientôt, et mettrais ainsi alors à l’épreuve mes premières impressions.
Je suis arrivé au bout de la dernière salle des peintures, j’ai regardé les toiles une à une, puis ensemble, j’ai à nouveau regardé les gens, n’ai rien vu nulle part, j’ai rebroussé chemin, j’ai retrouvé Françoise qui m’accompagnait et que j’interrogeais du regard comme lorsque dans les bois ou les rues l’un va à gauche l’autre à droite, rendez-vous au bistrot et l’on se croise tu as vu quelque chose ? non, moi non plus.: je l’interroge du regard et suis surpris de voir qu’elle fait non de la tête. Nous ne nous sommes pas concertés, et nous sommes à l’instant bien d’accord.
Qu’est-ce qui se passe pour qu’ainsi il ne se passe que si peu, pour ainsi dire rien ?
Un formidable coup de bluff ?
BORREMANS peint 1/ en dessinateur hyper-doué 2/ qui a des idées, j’entends par là que sur ou à partir du dessin de peinture il introduit subtilement une idée, un concept, et c’est ce concept – là ( la solitude par exemple, en tant qu’elle renvoie à une condition humaine ) que vont voir critiques et spectateurs à leur suite, c’est-à-dire qu’ils vont voir ce que BORREMANS y a déposé visiblement et délibérément .
Richter n’est pas loin - quoique tout de même à plusieurs longueurs devant, tout de même -, mais enfin ! invoquer Vélasquez, Rembrandt, Manet, bref tout l’Olympe, quelle indécence !
Ce n’est pas cela la peinture.
La peinture est une concrétion du mystère.
Il n’y a pas de miracle dans une telle démarche, pas de mystère non plus , mais une fable proche du bluff. Et, évidemment, Il n’y a pas de quoi rejoindre les longues théories des porteurs de palme.
Je n’ai jamais accepté que la peinture soit la représentation de l’effet qu’elle va produire.
Et c’est ce qui se passe ici.
Par ailleurs, au fait, que peut dire un critique qui irait à l’encontre de ce que Mr Pinault a fait en achetant une œuvre de grande dimension ? Mr Pinault a fait Jeff Koons qu’il a installé à Versailles retirant au passage les plantureuses plus-values que prenaient les œuvres de sa collection en ayant ainsi fait exploser la cote…. Quelle est encore la liberté d’un critique après cela ? Celle du risque de passer pour un cuistre ?
C’est là de ma part une tentative d’explication, tentative bien faible j’en conviens, mais c’est que je cherche, je cherche…
Cela dit, et je n’ai pas dit grand-chose j’en conviens, il est beaucoup plus facile d’entrer dans le concert de louanges de cette peinture commerciale que de résister.
Mon acte de résistance à moi n’eut rien, mais rien, d’intellectuel et de calculé, il a surgi de lui –même, à mon corps défendant, car j’avais aimé comme d’instinct les affiches entrevues avant l’expo et quelques reproductions de ci de là