PAROLES d' EXPERTS
PAROLES d' EXPERTS
Rédigé par jvl le sam, 04/10/2008 - 09:14
la terre à l'endroit
la terre à l'envers
Retenu d’un débat à la RTBF vers la mi-septembre avec un représentant de la WWF qu’un occidental est un gros consommateur : ses besoins actuellement correspondent par an avec ce que 7 hectares de terre sont capables de produire, alors que l’africain, lui, n’a besoin que de l’équivalent d’un peu moins d’un hectare.
Tant que l’occidental, avec de tels besoins, a accès à cette production, pas de problème…
La question de l’accès est une question géopolitique : l’accès suppose les moyens financiers pour l’acquérir mais également la réunion et le maintien d’autres conditions ( les conditions mises par les pays producteurs qui peuvent parfois revêtir des aspects qui ne sont pas directement financiers, l’ état de paix , de guerre ou de tension qui perturbe les flux etc -).
Enfin quand je dis « pas de problème « , c’est évidemment une façon de parler puisque la vraie question n’est évidemment pas comment nous allons faire pour pouvoir nous garantir et garantir notre avenir dans le maintien de cet accès à cette quantité que nous consommons, nous les occidentaux, mais de savoir s’il ne faudrait pas la réduire ou la réorienter….
En mars de chaque année, l’occidental a déjà consommé tout ce que la terre pourra produire cette année-là entre le 1er janvier et le 31 décembre.
La moyenne du monde ( puisque malheureusement d’autres acquièrent ce plafond de consommation beaucoup plus tard, presque en fin d’année pour les zones les plus pauvres ), est cette année le 23 septembre.
L’année dernière cette date était le 28 septembre.
Chaque année cette date avance.
C’est ce que l’on appelle l’overshoot day : je vous invite pour plus d’infos à voir le site de la WWF sur le sujet .
http://www.wwf.be/fr/?inc=news&newsid=655&pageid=news
Je pense par ailleurs que la planète est capable de nourrir ses habitants pour une population telle qu’on la calcule pour 2050.
Je pense aussi que l’on considère qu’à partir de 2050, le nombre d’habitants sur la terre n’augmentera quasiment plus.
La terre a donc les moyens de nourrir tout le monde, et la gardera, pour autant que la production soit bien gérée et bien répartie.
C’est rassurant, non ?
Il n’y a donc pas de scenario catastrophe inéluctable du style : « avec l’augmentation de la population, on va vers une famine généralisée «.
Ah oui, il y a un petit hic : la terre a les moyens, si on la gère convenablement…c’est-à-dire en un mot, si l’on recule chaque année l’échéance de l’ overshoot day…
à l'envers
à l'endroit
Il y a quelques mois sur FR3, lors du débat télévisé quotidien Ce soir ou jamais (http://ce-soir-ou-jamais.france3.fr/index-fr.php?page=emission&id_rubrique=260 ) , j’ai entendu Jacques ATTALI (economiste et président de Planet Finance ) , en présence de Jean ZIEGLER (Rapporteur au Conseil des Droits de l’Homme de l’ONU ) qui confirmait, dire que pour un plein de biocarburant d’un gros 4x4 américain, on pourrait nourrir une famille mexicaine pendant une année.
Quelle vérité insupportable qui vous prend à la gorge !
Devant une chose aussi monstrueuse, je n’ai qu’une envie : partir en croisade et crier cette phrase à qui voulait l’entendre ( et surtout à ceux qui ne voulaient pas l’entendre ).
à l'endroit
à l'envers
ATTALI et ZIEGLER sont incontestablement ce que j’appelle des honnêtes hommes, c’est-à-dire des scientifiques humanistes qui n’utilisent pour parler, et pour analyser, que des données fiables de première main.
Quelques semaines plus tard, à la radio cette fois, j’entendais Jean ZIEGLER seul affirmer la même chose mais il s’agissait dans son propos ( sans qu’il précise que c’était là une correction par rapport avec ce qui avait été dit avant ) non plus de nourrir une famille mais une personne.
Et alors me direz-vous ? Une famille ou une personne pendant un an pour un plein de carburant la chose est en soi déjà suffisamment insupportable et devrait interpeller l’humanité entière sans qu’il faille ergoter sur la question de savoir s’il s’agit d’une personne ou d’une famille.
C’est vrai, mais ce que je veux dire c’est que dans la masse d’informations en tous genres dont nous sommes inondés, avec la difficulté énorme que nous avons quand nous essayons d’en faire le tri et la critique qui seuls peuvent empêcher les conclusions erronées, si l’on ne peut croire telle quelle la parole d’aussi éminentes personnalités, il y a un vrai problème.
Un homme, une famille, et pourquoi pas un village entier ou alors non pas un plein de 4x4 mais dix allers-retours Boeing Pars-New-York ?
La parole d’experts, sur laquelle nous devons fonder nos convictions quelques fois, et c’est toujours le cas lorsqu’il s’agit de réalités et de problèmes dont l’ampleur dépassent largement le champ de nos connaissances, devrait être une parole d’or.
L’overshoot day au 23 septembre ? Et l’année passée le 28 ?
Certes, ce qui importe est cette réalité que ce n’est pas au 31 décembre que l’humanité vide ses greniers des récoltes de l’année , et le fond du problème reste entier que l’overshoot day soit le 23 septembre ou le 23 novembre.
Est-ce que la différence toutefois ne serait pas au niveau de la prise de conscience : à cette époque où l’on dit n’importe quoi, nous avons besoin de paroles sûres, ce sont elles qui nous permettront mieux et plus vite de nous engager dans le combat nécessaire si, hors de tous doutes, comme étant une vérité universellement confirmée et maintes fois recoupées, un plein de 4x4 vaut la nourriture d’une famille mexicaine pendant un an – et que l’on ne puisse le mettre en doute, que l’on ne puisse entendre un peu plus tard que la version est modifiée.
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