TAL COAT - exposition brillante et mate au BAM ( Musée des beaux-Arts de Mons )
TAL COAT - exposition brillante et mate au BAM ( Musée des beaux-Arts de Mons )
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TAL COAT - exposition brillante et mate au BAM ( Musée des beaux-Arts de Mons )
Jusqu’au 17 juillet 2011
Dans le médiocre objet d’architecture contemporaine * dû au parisien architecte MENU,
une exposition brillante et mate,
toute en surface et consistance,
où l’on côtoie la vie qui vous arrache à l’ordinaire,
l’on regagne la simplicité des choses enfouies,
l’on plonge dans le fondamental pour fendre et fouiller silencieusement en tous sens : la terre et la physique de la terre ( pas son physique : la terre est féminin, pas féminine, non : féminin, et c’est important, ce n’est pas un jeu de mots, d’ailleurs il n’y a pas de jeu de mots chez Tal Coat ) , l’espace, la surface, le sous-sol, l’air, le vent - la nature en un mot, celle qui se sent et se vit mais ne se peint ni se dessine ; les espaces à franchir comme autant de sillons à enjamber, les grands pas tracés, la respiration sifflotante, les Nourritures terrestres partout dispersées et partout rassemblées ; la disette, l’abondance, les fruits, les creux, les failles – Tal Coat ne joue pas avec les mots : une faille est une faille, c’est-à-dire un espace entre les pierres, entre les rochers, soit un espace qui laisse voir le vide qu’il crée avec application -, troupeaux, enjambées encore, passages, tout va-et-vient, vertige immobile, oxygène des cîmes à la surface des terres labourées, frissons, tout est là, tout se tient, les fils sont là qui vous tendent et vous étirent jusqu’aux larmes, abreuvoirs, jaune prétexte, carbones écrasés, terres immortelles ni de Sienne ni de nulle part, à-plats graineux, les fossiles remontent à la vie, la lumière descend et ressort en traversant l’huile comme une lune les nuages, l’accroc comme un pépin, tout n’est qu’accident - et c’est cela qui est montré - , tout n’est que vie et énergie – et c’est cela qui se sent tout au long des 165 œuvres qui nous sont ici montrées - ; tout est relié : à vous, à moi, à tous, à tout ; Messe sur le Monde, temps immortels, votre vie qui va et qui meurt inévitablement, comme ces lignes de crayon qui s’arrêtent au bord de la feuille mais c’est comme la Vie, votre vie : on ne sait pas , comme ce trait qui s’arrête lui aussi, que le modèle, la matrice, lui-elle ne s’arrêtent pas, comme cette peinture qui n’en finit pas, elle, malgré le bord du chassis, malgré le cadre, malgré les murs de l’expo, malgré les murs de ce BAM prétentieux qui va si mal à son contenu si précieux, cette peinture qui n’en finit pas d’aller, d’aller où est la vie, justement, de l’épouser en des noces terrestres immortelles, vous le savez pas bien : vous ne pouvez y échapper – depuis ce art rupestre que Tal Coat connaît, et qui ne cesse d’aller, malgré votre vie qui pourtant en est fait, malgré votre vie qui fuit comme ces lignes qui s’écroulent à l’horizon alors que c’est simplement le chassis qui au bout de ses 40 cm crée l’illusion d’une terra ignota.
Une exposition à vivre donc, qui chante l’origine et la fin, avec force, audace, tranquillité, nulle nervosité malgré la fin annoncée, un patient travail de fond, dans les années 80 Tal Coat accumule la pâte, comme une tourte au beurre au dessert de la vie. Tal Coat brûle mais ne se consume pas ; il brûle comme ce feu mis par les Celtes à leurs forteresses quelques siècles avant notre ère, un feu souterrain dont la chaleur laisse aujourd’hui encore les experts perplexes : comment sont-ils arrivés à obtenir un feu souterrain aussi puissant qui parvint à tout brûler, madriers sous terre consumés jusqu’au derniers fétus. Déchaînement silencieux dans la matière, comme ce feu secret des celtes sous la terre : Tal Coat à la fin de sa vie souffle, crache, tousse, sifflote, chante encore ; il tient en tremblant ses petits formats de toiles qui mettront des années à sécher.
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900 de ces toiles sont parties en fumée après sa mort car sa maison prit feu.
Beaucoup de ces toiles, après sa mort, continuèrent à sécher, à vivre donc .
Et celle que je possède a commencé à se craqueler il y a un an ou deux,
et le travail se poursuit toujours , souterrain, vivant, puisssant, inexorable, comme la vie qui refuse à s’éteindre, comme ce feu celte qui ne livre pas ses secrets et qui par là survit.
Pierre TAL COAT et moi.
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Pierre comme pierre de schiste - et moi.
Tal Coat comme front de bois en breton - et moi, tchèss di bwès, dure tête, tchèstu comme un ardennais, ah les clichés, moins têtu depuis que sont passés par là hommes et femmes que l’on rencontre, l’on n’est que ce que l’on vit au travers des rencontres, rencontres aussi avec Kelen, Krishnamurti, Malraux , j’en passe ;
Tal Coat le surgissement de la peinture - et moi.
Tal Coat rudesse et pureté solitaire - et moi.
Tal Coat, les sites préhistoriques, la peinture rupestre – et moi, aux Eyzies.
Tal Coat, Rothko - où suis-je ?
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*On peut lire dans le site du BAM :
« …Mai 2003 - La Ville de Mons lance un appel à projets afin de revoir les exigences muséographiques et l'accueil du public. Cinq bureaux sont retenus et déposent leur dossier architectural. Un jury composé d'experts internes et externes à l'Administration retiennent le projet de Christian Menu, architecte parisien… »
On aimerait connaître : les quatre autres projets déposés, et les noms des jurés qui mirent MENU à leur carte…
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Commentaires
waouh! quel enthousiasme... un texte sublime...et toujours ce trait d'esprit et d'humour..!Une manière d'écrire !
qui me laisse pantoise et admiratrice ... Bien sur , j'irai ressentir Tal Coat....